Le 24/08/2020

VOYAGE CLUB : DIRECTION L’ITALIE !

Pour cette nouvelle session de voyages organisés par Alexandre Trotet avec le soutien de Jean Guérin, cap cette année vers l’Italie, une navigation bien connue d’Alexandre. Conservant sa magie et sa dose d’imprévus pour ceux ayant déjà parcouru la même route, elle demeure toujours aussi riche en instruction pour les pilotes ! L’aviation, et tout particulièrement les voyages en aviation légère, sont toujours le fruit d’une grande préparation et d’une adaptation perpétuelle aux imprévus : une école de patience comme l’aura si bien illustré ce voyage !

A Calvi, de gauche à droite : Alexandre, François, Philippe, Gabrielle, Jean, Marie, Philippe , Duc

Journée du Lundi 03 Aout 2020 : CHATEAUROUX – AVIGNON – CALVI

C’est l’ébullition en cette matinée du 3 août dans le Club House de Châteauroux Villers ! Cinq pilotes, deux instructeurs et un accompagnant s’affairent auprès de leurs avions prêts au départ : F-HTER et F-HSOL !

Nous décidons le matin même de changer nos plans initiaux : nous ne débuterons pas notre voyage par Venise mais par la Corse ! En effet, les dernières prévisions météo sont particulièrement pessimistes sur les Alpes et le Nord de l’Italie, avec de forts orages prévus en début de semaine. Un front menaçant risque également de compromettre notre départ de Châteauroux … C’est donc de bonne heure, prêts au départ, que nous arrivons sur le terrain.

Dernière inconnue avec laquelle il nous faut jongler et non la moindre : le COVID ! Dernière vérification à 8h sur le site des Affaires Etrangères pour vérifier que les frontières italiennes nous sont toujours bien ouvertes, et quelques mails transmis les jours précédents aux aéroports de ROMA URBE et VENEZIA LIDO pour vérifier qu’aucunes restrictions spécifiques ne seraient appliquées.

10h30, décollage de Villers, nous « fuyions » le front, cap plein Est et direction Avignon où un ciel ensoleillé nous attend dès le travers d’Argenton. Sur le chemin, de magnifiques paysages survolés : l’Auvergne, l’Ardèche puis le Gard et finalement, belle approche sur Avignon en cheminant sur le Rhône puis la Durance avec la cité des Papes sur notre gauche !

En route vers Avignon, l’Ardèche

Après une rapide pause gourmande au restaurant « Le Secret » situé sur l’Aéroport, nous enfilons nos gilets de sauvetage, grimpons au niveau 95, direction Calvi via Saint-Topez puis le mythique point MERLU perdu dans la Méditerranée !

L’occasion d’observer également au loin sur le nord de l’Italie d’énormes CB venant bien confirmer les prévisions du matin !

Au-dessus de la Méditerranée, avec au loin les CB annoncés par les prévisions météo sur les Alpes et le nord de l’Italie

L’approche sur la Corse est toujours magique, particulièrement sur Calvi, terrain mythique sur lequel les pilotes de ligne doivent suivre une formation spécifique pour s’y poser ! Les pleins de JET A1 effectués, Alexandre effectue en express la réservation d’un hôtel dans le centre-ville puis nous filons à la plage !

Approche sur Calvi

Cette première journée se termine par un tour de la Citadelle au clair de Lune après avoir gouté aux spécialités Corses à la « Piazzetta » : sanglier, polenta et moelleux à la châtaigne !

Détente et baignade au pied de la Citadelle de Calvi

Journée du Mardi 4 Août 2020 : CALVI – ROME

Après une nuit reposante, et déjà de nombreux souvenirs en tête, notre périple se poursuit direction l’Italie et le terrain de ROMA URBE, petit terrain encastré dans les TMA de Rome Fumicino, très semblable aux terrains que nous pouvons retrouver en région parisienne (Toussus, Lognes, etc.). Ce premier vol présente un double challenge :

• Tout d’abord, appréhender la radio en anglais ! S’il s’agit de la première fois pour certains, pour d’autres c’est l’occasion de mettre enfin en pratique leur FCL055. Ceci n’est pas forcément tâche simple car le contrôle Italien peut parfois nous guider vers des points de reports géographiques qui nécessitent de bien connaitre la région ou encore vers des points de report IFR ce qui nécessite d’avoir les cartes IFR à portée de main, et si possible un bon GPS ! (#GITOD).

Typiquement, lors d’un vol, le contrôle préfère nous mener au point de report IFR « OSBUL » qui correspondait exactement à la verticale du terrain de Parme… 

Pour ne rien simplifier, la qualité sonore du SIV Romain est assez médiocre, avec un sifflement permanent lors des émissions de l’agent de contrôle.

Cependant nous avons toujours rencontré au cours du voyage un service de contrôle aimable et attentif (mention particulière pour Milan Information !).

• Autre challenge : appréhender les formalismes des cartes italiennes légèrement différents de nos cartes françaises, tout particulièrement les cartes VAC pour lesquelles il est important de lire les descriptions textuelles beaucoup plus fournies qu’en France.

Une fois la phraséo anglaise révisée pour les moins aguerris et les cartes étudiées avec l’ensemble des pilotes, dernier check des NOTAM et de la météo puis décollage de Calvi direction ROMA URBE. Là encore les paysages survolés nous offrent un spectacle splendide : l’Ile Rousse, le Cap Corse, Bastia, l’Ile D’Elbe puis l’Italie et les pourtours vallonnés de Rome ! Sans oublier la traversée maritime via cette fois-ci le point MOULE… 

Cap Corse, en route vers ROMA URBE

À Rome, nous logeons dans un petit hôtel juste derrière le Panthéon, emplacement qui a le mérite d’être très central puis, nous ne résistons pas à l’idée d’aller déguster une « gelato » à la mythique et incontournable Fontaine de Trevi. Tout au long de notre escale romaine nous avons été frappé par le peu de touristes. Nous avions la sensation parfois d’avoir Rome pour nous tout seul ! Nous partons arpenter la ville à pied : Le Forum, le Colisée, la place d’Espagne, les hauts de la Villa Médicis d’où nous regardons le coucher de soleil sur la « ville éternelle », la Piazza Del Popollo, les rives du Tibre… Nous terminons notre escapade Piazza Navona autour de bonnes spécialités italiennes (et pour certains quelques prolongations pour parfaire leurs techniques au lancé de catapultes lumineuses 😉 ) !

Rome, sans touriste…

La Dolce Vita

Journée du Mercredi 5 Août 2020 : ROME – VENISE

Le lendemain, petit passage par le Circus Maximus et le Vatican avant de rejoindre l’aéroport pour la destination tant attendue du voyage : Venise !

Passage au Vatican

Après une assez longue attente d’une heure trente pour effectuer les pleins (l’administration italienne n’a rien à envier à l’administration française…), nous décollons direction Venise, à travers les reliefs peu élevés du centre de l’Italie. Les orages de la nuit ont laissé derrière eux un ciel clair, nous offrant une visibilité particulièrement magnifique. Les cumulus sont même assez haut pour nous offrir le luxe d’un peu d’ombre et de fraicheur. Nous traversons ainsi toute la région du Latium, puis l’Ombrie via Perugia, passons travers Rimini puis entamons notre descente vers le Lido, là aussi pour éviter la TMA de l’aéroport commercial de Venise.

Belle visi sur le Latium et approche sur Venise Le Lido, avec la Sérénissime sur notre gauche

L’aéroport de Venise le Lido fermant ses portes à 19h, nous ne devons pas trop trainer (tout atterrissage ou décollage passé cette heure entrainant un surcoût de taxe assez important). Pas de tour de Venise pour cette fois donc, mais une approche mémorable sur la piste 05 dont le travers gauche nous offre une vue sur Venise absolument splendide.

Les avions parkés, nous attendons notre bateau taxi quelques instants sur les marches du très bel aéroport Nicelli dont le ponton d’embarcation se situe à quelques mètres.

En attendant notre Bateau Taxi

Un superbe bateau d’inspiration « Riva » nous récupère direction San Marco et notre hôtel… L’arrivée sur Venise au coucher du soleil nous emplit de joie et d’émotions, cette cité dégageant à la fois une grande sérénité mais aussi beaucoup d’animation avec tous ses petits « bateaux bus » (vaporettos) s’afférant dans la Lagune.

Notre « taxi » flottant s’arrête juste en face du Palais des Doges. Là aussi nous sommes stupéfaits par l’absence de touristes, c’est une Venise sous un jour inédit que nous découvrons, calme et sereine…

Déjà trois jours de voyages mais la sensation d’être parti depuis 3 semaines tant les journées sont denses ! Pas de fatigue perceptible, l’émerveillement et l’envie de découvrir nous animant toujours !

Aucun vol n’étant prévu le lendemain, nous prenons le temps de profiter donc un peu plus de notre première soirée à Venise et nous nous attardons au restaurant. À minuit nous repartons jeter un coup d’œil à la place Saint-Marc : nous découvrons une place en partie envahie par les eaux en raison de la marée liée à la pleine lune, place qui était au sec quelques heures auparavant ! Nous sommes loin des « Aqua Alta » mais cela nous donne un bon petit aperçu des problématiques auxquelles est confrontée cette cité lacustre !

Pleine Lune –> Saint Marc sous les eaux !

Dernier coup d’œil aux gondoles alignées à l’infini faute de touriste dans un cadre magique où la lune éclaire l’intrigante église San Giorgio Maggiore qui fait face à San Marco… Il y a tellement peu de touristes que les vendeurs à la sauvette en sont (presque) à donner leurs roses aux premiers passants en cette fin de soirée !…

Journée du Jeudi 6 Août 2020 : Off

Cette journée débute tardivement : après une petite grasse matinée bien méritée, nous partons à la découverte de Murano puis Burano, petits villages d’artisans verrier et de pêcheurs qui ont su nous enchanter par l’enchainement de leurs maisonnettes colorées !

Après un bon déjeuner à Burano et une énième pizza « alla diavola » pour certains, nous reprenons le vaporetto direction Venise ! Nous faisons arrêt au nord de l’île et entamons une jolie marche à la découverte du Ghetto et du Rialto. Nous clôturons cette belle journée par une descente du Grand Canal en Vaporetto.

Grand Canal

Mention spéciale pour notre docteur préféré qui nous a démontré un goût très prononcé pour le Vaporetto ! En effet, au retour de Burano et après une journée déjà bien dense, nous laissons le docteur rentrer à l’hôtel en bateau, le reste de l’équipe rentrant à pied à la découverte de Venise ! Mais au retour de notre promenade, pas un docteur à l’horizon ! Alexandre et Philippe R. partent à sa recherche et prennent la ligne de vaporetto que François avait emprunté et Phillipe B., Marie et Duc quadrillent le quartier pendant que Gabrielle et Jean partent faire une déposition chez les Carabinieri pour déclarer la mystérieuse disparition ! On notera au passage que les Carabinieri italiens font partie d’un corps militaire à part entière en Italie, la prise de contact est donc moins aisée que dans nos commissariats ou gendarmeries françaises… À 00h, délivrance ! notre docteur réapparait à l’hôtel : après un gros somme et plusieurs tours de Venise en vaporetto, François s’était fait guidé par une belle vénitienne pour retrouver le chemin de notre logis ! Ce fut donc une dernière soirée vénitienne forte en émotion mais dont nous rirons avec le recul encore longtemps  !

Journée du Vendredi 7 Août 2020 : VENISE-CHAMBERY-CHATEAUROUX

9h : tout le monde se rejoint au quai San Zaccaria après un rapide petit déjeuner ! L’atmosphère est sérieuse tant le premier leg que nous souhaitons entreprendre s’annonce dense.

En effet, la météo est particulièrement exceptionnelle, vent calme et pas l’ombre d’un nuage sur les Alpes ! Nous décidons donc de rentrer à Châteauroux via Chambéry et les Alpes.

Notre concentration se voit vite contrariée alors que nos deux instructeurs partent faire les pleins des avions : le HTER ne démarre pas ! Après quelques échanges avec nos mécaniciens de Limoges, peu d’alternatives immédiates semblent s’offrir à nous et nous ne parvenons pas à diagnostiquer le problème même si nous supposons un problème électrique.

Nous prenons la décision de rapatrier 4 personnes avec l’Assurance FFA, de rentrer à Châteauroux à 3 pilotes avec le HSOL et de laisser Jean sur place afin de coordonner le dépannage. Nous évitons ainsi au club d’être privé d’un avion pour le week-end, le temps qu’une solution soit trouvée pour notre HTER (qui n’a pas choisi le pire endroit pour tomber en panne  ).

15h : après un « dernier » déjeuner tous ensemble à l’excellent restaurant de l’aéroport Nicelli, l’équipage du HTER part direction Chambéry. Encore une fois le vol est absolument somptueux : après un survol brumeux de l’ensemble des grands lacs Italiens (Lac de Garde, Lac d’Iséo, Lac de Côme, Lac Majeure), nous entamons un transit via la Vallée d’Aoste (qui avait pu nous confirmer le matin même que les zones Roméo n’étaient pas actives, nous évitant un contournement par le nord, le sud étant difficile d’accès de par les TMA Alpha de Milan…). La vallée d’Aoste survolée, nous grimpons succinctement au FL125 pour mieux admirer le Mont Blanc, puis finalement entamons progressivement notre descente vers Chambéry tout en faisant attention aux parapentistes très nombreux dans cette zone proche d’Annecy.

Les Alpes et le Mont Blanc

Puis, nous reprenons route vers Châteauroux : la navigation apparait cette fois bien monotone comparée à ce que nous avons vécu ces 5 derniers jours… Pas de temps à perdre cependant, l’occasion pour Alexandre de faire réviser pendant 1h30 à ses pilotes les procédures d’urgences !

En parallèle nos quatre rapatriés ont aussi survolé le Mont Blanc mais au FL330 et une coupe de champagne (euh…jus de tomate) à la main. Tous rejoindront Châteauroux dès le samedi matin : un grand bravo à l’assistance FFA pour sa réactivité !

C’est donc contre toute attente une magnifique et dernière journée de vol qui finalisa ce voyage, avec un peu de nostalgie et de déception de ne pas avoir pu partager ces derniers beaux moments avec l’ensemble de l’équipe… Mais ce n’est pas fini ! 

Voyage VENISE BONUS

Jean, resté sur place pour coordonner le dépannage, entreprit de nombreuses démarches afin de solutionner la panne de notre HTER: c’est finalement un mécanicien de Caorle, « Roberto » pour les intimes, qui parviendra à diagnostiquer et dépanner notre machine !

Dès le dimanche soir, entre deux vols Ryanair, Alexandre organise alors l’opération « RESCUE ER » : nous décidons de repartir dès le lundi avec le HSOL à Venise. Alexandre, Phillippe R. et Gabrielle répondent à l’appel.

Le lundi, nous quittons donc Châteauroux à 13h direction Cannes : la météo sur la route est orageuse mais les Cunimb sont bien isolés et parvenons à les contourner sans trop de difficultés en conservant presque notre cap initial !

Pas de transit par les Alpes pour aujourd’hui non plus : de violents orages frappent les Alpes italiennes, nous longeons donc la côte au départ de Cannes, puis passés le golfe de Gênes et Portofino, c’est un beau soleil qui nous attend sur le trajet jusqu’à Venise ! Cette fois nous prenons le temps d’effectuer un tour de « la Sérénissime » !

La Sérénissime

Nous nous accordons une petite journée de repos à Venise : tout d’abord une belle grasse matinée, puis une visite du très somptueux Palais des Doges ! Si les palais vénitiens sont impressionnants vus de l’extérieur, ils le sont tout autant de l’intérieur : que de dorures et de marbre, le tout reposant sur quelques rondins de bois… Nous empruntons le fameux « pont des soupirs » que nous croisions régulièrement lorsque nous nous perdions dans les dédales de Venise !…

Place Saint Marc au crépuscule et vue depuis les Palais des Doges

Petit renouvellement de garde-robe ensuite pour Philippe R. et Alexandre après un excellent restaurant offrant des spécialités typiques de Venise dont la gastronomie diffère un peu de ce que l’on peut connaitre classiquement en Italie.

Puis dernière soirée une glace à la main, assis face à la lagune derrière le Palais des Doges, on ne se lasse pas de cet endroit ! Nous en profitons pour nous cultiver et (re)voir le « C’est pas Sorcier » consacré à Venise entre deux conversations « interstellaires » ….

Nous finissons par reprendre la route le lendemain sans encombre : Venise-Cannes d’abord via Parme (les orages se développant de nouveau sur les Alpes), puis Limoges où nous déposons notre HTER meurtri, et finalement Châteauroux ! Mais pas de temps à perdre : à peine posé, Jean repart déjà en instruction !

Retour au Bercail

Encore un grand merci à l’Aéroclub de Châteauroux et à nos deux instructeurs, Alexandre et Jean sans qui ce beau périple riche d’enseignements et de découvertes n’aurait pas été possible ! Un grand merci également à tous les explorateurs ayant pris part à ce voyage pour leur implication, sérieux et bonne humeur ! Mention particulière pour Alexandre qui n’aura pas démérité tout au long de ce voyage, autant dans la préparation des vols que dans l’organisation générale ! Un « G.O. » en or !

Et bien sûr un grand merci à nos mécaniciens sans qui il serait impossible de mener de telles excursions !

A très vite pour de nouvelles aventures !

Merci Gabrielle pour la rédaction.